13 janvier 2025 – 7 h 22
Il y a de cela à peine quelques jours, je répétais mon discours de sobriété dans ma tête pour bien l’annoncer et éviter toute confusion. Toutefois, samedi, mon cerveau a sauté la générale et dit avec assurance : « non merci, je ne bois plus. Et pour un bon moment ». Ce que j’étais fière d’avoir abandonné mon excuse du Dry January pour simplement assumer ma décision un peu plus ! C’est donc inconsciente de la portée de mes paroles que j’ai senti le cœur de ma belle-mère faire une petite pause, me regardant plein d’espoir pour me demander : « aurais-tu quelque chose à m’annoncer ? ».
Oups. Le genre de question qui autrefois m’agaçait. Comme s’il fallait être enceinte pour cesser l’alcool. Toutefois, à ce moment, je n’ai rien senti de cela. J’ai ressenti la même tristesse qu’elle lorsque j’ai nié l’arrivée d’un potentiel bébé. Non pas parce que j’ai découvert une soudaine envie de porter un enfant, mais j’ai ressenti, un bref instant, la joie que pouvait apporter une telle annonce dans le cœur d’une maman qui avait tout donné à son fils, et lui donnerait tout encore.
Un sentiment de tristesse qui s’est accentué tout au long de la soirée. Qui a atteint l’apogée lorsque je me suis retrouvée sur le matelas gonflable, à faire semblant de dormir pour laisser un semblant d’intimité aux femmes qui se disputaient dans la cuisine. Une chicane qui se résumait à quelques phrases qui revenaient au fil des heures sous une apparence différente, mais voulant dire la même chose. Une chicane qui, peut-être, sans alcool, aurait été un malentendu qui se serait dissipé dans les minutes suivantes.
Je dis peut-être, parce que je ne veux pas prétendre que l’alcool consommé était le seul fautif. Après tout, les deux femmes ne semblaient pas trop alcoolisées. Par contre, je ne pouvais pas m’empêcher de me rapporter aux soirées où j’avais été à leur place. Les soirées desquels je me réveillais le lendemain en me rappelant bribe par bribe les fragments d’une chicane comme si je tentais de me souvenir d’un film que j’avais écouté il y a 10 ans.
Une chicane qui ne venait pourtant pas de nulle part. Elle faisait ressortir des émotions emmagasinées que je n’avais pas su verbalisées auparavant, sauf que les mots sortaient tous en même temps, se bousculant pour être propulsées par le bout de ma langue. Des mots qui avaient été étouffés, et qui cherchaient à se venger à sortant leur gros bras pour faire encore plus mal. Une dispute qui se résumait à une idée, mais qui s’étirait jusqu’à en abimer un élastique qui n’avait rien demandé. Tout était parti d’une émotion qui avait une raison d’être, mais qui donnaient place à une colère qui venaient tout déformer, tout brisé. Blessant pour les autres, humiliant pour moi.
C’est en ouvrant la porte à ces souvenirs de toutes ces fois où je me suis mise en colère, qu’ont remontés à la surface toutes les fois où j’ai vu des gens que j’aimais se mettre en colère. Des colères qui ont brisé des amitiés, brisé des familles, brisé des cœurs. Des colères qui ont tout changé, qui ont laissé place à un matin comme tous les autres, mais qui ne seraient plus jamais pareilles. Des matins « comme si ne rien n’était », alors que tout avait lieu.
À ce moment-là, j’ai eu envie de demander pardon et j’ai eu envie de pardonner. De demander pardon à ceux que ma colère avait blessés, que ma honte avait ignorés. De pardonner à ceux qui m’ont montré comment faire. Et à ceux qui continueront…
Ou peut-être pas tout de suite.
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Je suis heureuse de découvrir ta plume et touchée par tes textes. Merci d’être toi ma belle amie que j’aime!
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