Chapitre 11 – Beethoven


8 janvier 2025 – 16 h 36

Le 6 janvier 2025 fut le jour où j’ai reçu mon piano. Malgré une migraine qui me collait aux talons depuis l’heure du diner, c’est avec excitation que j’ai déballé toutes les boites contenant un morceau de ma nouvelle passion. C’est sans prendre la peine d’installer mon piano à un endroit stratégique et esthétique que je me suis installée au beau milieu de la salle à manger. 

J’étais prête. 

J’ai ressorti un tutoriel de pianiste du dimanche consulté dans les jours d’attentes pour entamer le premier exercice que j’avais déjà pratiqué en tapotant mes doigts sur l’ilot de ma cuisine. C’est en contenant mon impatience que j’ai commencé, me balançant de droite à gauche sur mon petit banc neuf comme le ferait un véritable artiste enivré par sa mélodie comme je l’étais par ma coupe de vin.  

Le premier exercice a mis en scène ma main droite, prête à danser avec nouvel ami. Même si la synchronisation n’était pas au rendez-vous, je me répétais qu’il n’y a rien que la pratique ne peut arranger. C’était jusqu’à ce que ma main gauche prenne le relai. La pauvre. 

Le gars du tutoriel m’avait bien prévenu, le petit doigt et son acolyte à côté, ils ont de la misère à se séparer. Il avait raison, sauf que les miens, c’est pire qu’une petite misère. Mon petit doigt et mon annulaire vivent une relation de codépendance qui embrasse la toxicité. Évidemment, je ne me suis pas laissé décourager par ce petit imprévu. Ma persévérance avait grandi au rythme des heures d’attentes à actualiser le site de Puralator. 

Après des minutes qui m’ont semblé des heures, j’ai réussi à faire l’exercice de façon fluide tout en reprenant mon balancement d’artiste. Au moment de coordonner mes deux mains, mon manque d’adresse était semblable à Joey dans Friends qui essaie de parler français. Un désastre total, comme si nous n’avons pas répété ces mouvements depuis la dernière heure.  

Je me suis donc retrouvée sur mon petit banc neuf qui ne balançait plus à maudire ma main gauche. C’est en la regardant pour mieux l’haire que j’ai senti une bouffée de compassion pour cette main maladroite qui essayait tant bien que mal de faire ce à quoi on s’attend d’elle. C’est dans une caresse de ma main droite que j’ai dit à main gauche qu’elle avait bien travaillé, et que j’ai laissé le contrôle de ma soirée à ma migraine qui luttait pour me border dans mon lit. C’est dans mon lit que j’ai poursuivi mon analogie anatomique, donnant l’amour et la compassion que j’avais oublié de me donner à ma main gauche. 


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