25 janvier — 18 h 32
L’une de mes craintes par rapport à la sobriété, c’était l’isolement. J’ai d’ailleurs vécu beaucoup de moments où j’aurais voulu être ailleurs, et ce « ailleurs » incluait souvent une position fœtale.
Hier soir, j’avais une seconde soirée avec des amis, mais pas les mêmes amis que la veille. Le genre d’ami qu’on aime, mais qu’on ne sait pas jusqu’où on peut aller. Pour calmer mon anxiété à la pensée d’une soirée sans lubrifiant social, je suis arrivée avec un sac réutilisable remplie d’une sélection de bière sans alcool et un faux vin rouge qui goutait l’eau.
C’est après m’être servi une coupe de vin rouge qui ne goute pas le vin rouge que je me suis installée sur le divan, prête à me fondre dans la masse. En étant attentive aux gens dans la même pièce que moi, j’ai remarqué que j’étais l’une des seules qui avaient l’air de boire de l’alcool. Je me suis demandé si c’était arrivé souvent, avant, que je sois l’une des seules à boire de l’alcool. Si ça m’était arrivé d’être trop absorbé part ma propre consommation, que je n’avais pas pris le temps de bien regarder les gens autour de moi.
C’est les mots « tu fais une pause d’alcool ? » qui m’ont sortie de ma réflexion. Ces mots, qui étaient d’ailleurs libres de jugement, étaient adressés à mon copain qui sirotait une canette nous permettant de lire « BIÈRE SANS ALCOOL ».
Grâce à mes pratiques devant mon clavier et ma transparence gagnante de la veille, j’ai parlé d’alcool. J’ai eu envie de dire que, moi aussi, je ne bois pu d’alcool. J’ai eu envie de m’ouvrir là-dessus, et je l’ai fait. Cela a enclenché un paquet de confidence réciproque sur l’excès, la dépendance, la santé et plein de sujets qu’on n’avait jamais abordés ensemble. J’ai nommé des choses différemment, peut-être parce que c’était à voix haute. En trente minutes, j’ai appris sur moi-même et j’ai appris sur eux. J’ai passé une belle soirée, je n’ai pas eu envie de boire.
J’ai surfé sur cette vague toute la soirée et toute la journée d’aujourd’hui. Je n’ai pas vécu d’ennui, je ne me suis pas sentie grise. Je me suis entourée de mon foyer. On a dansé, on a fait du ménage, on a chanté, on a cuisiné. J’ai ri, j’ai eu du plaisir. J’ai créé un beau moment et j’en ai profité.
Dans les dernières années, je pense que je me suis perdue. J’ai dû en perdre des occasions de créer de vrais liens.
Depuis les dernières semaines, je pense que je me retrouve de plus en plus. Je saisis les occasions de créer de vrais liens.
Et si c’était l’alcool qui isolait ?