5 janvier – 16 h 51
La journée où j’ai décidé d’arrêter de boire, j’ai demandé à Chat GPT de m’aider. De m’aider à me décourager de l’alcool. Même si on connait rationnellement les effets secondaires négatifs de l’alcool, on ne les connait pas vraiment. Ce que je veux dire, c’est qu’on a beau savoir qu’il parait que l’alcool nuit à la gestion de l’anxiété à long terme, par exemple, bien c’est dur de faire le 1+1 pendant que tu vis de l’anxiété un mardi à 10 h 14 sur ton lieu de travail. Ton premier réflexe, ce n’est pas de te dire que les coupes de vin d’hier nuisent ta gestion de tes émotions d’aujourd’hui. Au contraire, je me dis que j’ai donc hâte d’être chez moi pour me relaxer et finir la bouteille que j’ai entamée la veille.
J’ai donc demandé un tas de choses à Chat GPT pour aider mon cerveau à faire ces liens-là. Je lui ai demandé de m’expliquer le lien entre l’alcool et la gestion de nos émotions, surtout la colère. Je lui ai demandé de m’expliquer c’était quoi, avoir un problème avec l’alcool. Je voulais des critères concrets qui me permettaient d’évaluer ma santé mentale comme une liste d’épicerie. Je voulais que Chat GPT me fasse un peu peur, mais qu’il me réconforte aussi.
Les critères m’ont rassuré. Au début. Je vous dirais que quand je les analyse aujourd’hui, je me rends compte que c’est beaucoup plus complexe que de faire l’épicerie. Au maxi, tu n’as pas besoin de faire un voyage introspectif dans le temps pour savoir si la banane est dans ton panier ou non. Généralement, tu la vois assez rapidement. Sinon, tu soulèves le sac de pain tranché et le tour est joué.
Voici les critères que m’a présentés Chat GPT, tirés tout droit du DSM-5 :
- Consommation excessive et incontrôlée
- Tentatives infructueuses de réduire ou d’arrêter la consommation
- Temps excessif consacré à l’alcool
- Envies intenses (craving)
- Conséquences sur les obligations
- Problèmes interpersonnels ou sociaux
- Réduction des activités importantes
- Consommation dans des situations dangereuses
- Poursuite malgré des problèmes de santé
- Tolérance
- Sevrage
Au premier regard, je ne sais pas pour vous, mais je me suis dit que les critères étaient un peu ridicules. Selon le DSM-5, il faudrait seulement deux de ces critères pour être considéré comme ayant un trouble de l’usage de l’alcool. Même Chat GPT semblait partager la même opinion que moi, en disant que le trouble de l’usage de l’alcool nécessite « que deux ou plus » des critères. Deux, ce n’est pas beaucoup. Parlons uniquement de la tolérance et du craving, par exemple. C’est facile, de les cocher, il me semble.
Je n’ai pas l’impression que le terme du trouble de l’usage de l’alcool éveille quelque chose en moi. J’ai envie de dire que j’ai plutôt un trouble dans ma relation avec le vin rouge. Comme si lui et moi, on était dans une relation toxique depuis un peu trop longtemps. Une relation que je n’arrivais pas à quitter, trop confortablement installé sous l’étiquette du fonctionnelle.