18 janvier 2025 – 13 h 37
J’ai toujours trouvé que c’était plus facile de donner et de recevoir de l’amour sous l’effet de l’alcool. Je n’ai jamais été quelqu’un de très confortable avec le contact physique. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, mais j’éprouve un certain inconfort à prendre quelqu’un dans mes bras, à répondre aux élans de tendresse. Et il y a quelque chose d’encore plus inconfortable au fait d’être quelqu’un qui prend peu les gens dans ses bras, et qui prend finalement quelqu’un dans ses bras.
Outre le contact physique, je ne suis pas nécessairement celle qui fait les meilleurs suivis auprès des gens que j’aime. Par contre, je blâme un peu le TDAH. Répondre à mes messages, ce n’est pas mon fort. Quand je prenais le temps de mettre à jour mes conversations entamées, mais jamais terminées, c’était souvent au retour du travail, sur mon divan, une coupe de vin à la main. C’était là que les « tu me manques » et les « je t’aime » s’écrivaient plus facilement. C’était aussi là que j’organisais des plans avec des amis que je n’avais pas vus depuis longtemps et que je me prévoyais une semaine épuisante à devoir planifier des imprévus pour me souffler des moments de ressourcements dans tout ce social qui était définitivement trop pour moi. C’était aussi après une coupe de vin que j’avais envie de me coller sur le divan, que j’avais envie de prendre mon amie dans mes bras avant qu’elle ne retourne chez elle, que j’avais envie de serrer ma sœur dans mes bras quand elle rentrait du travail.
J’étais donc consciente qu’en arrêtant l’alcool, j’allais devoir réapprendre à donner et à recevoir de l’amour. C’était dans ma to do list de travail sur moi que je savais que la sobriété allait me donner, probablement dès le jour 1. En fait, j’avais un peu peur de perdre ces moments d’amour facile.
Par contre, comme dirait mon ami granole qui a lu mes lignes de la main, je suis peut-être quelqu’un de chanceux qui fait des choix chanceux, parce que j’ai reçu beaucoup d’amour depuis que j’ai arrêté de boire. J’ai reçu de longs messages d’amis qui nous ont fait débloquer un niveau supérieur d’amitié. J’ai reçu des confidences et je me suis confiée différemment, sincèrement. Depuis que j’ai arrêté de boire, ma sœur s’est improvisée mixologue et a maintenant pour mission de faire les meilleurs mocktails du monde, pour que le verre que j’ai à la main ne soit jamais une source de regret. Depuis que j’ai arrêté de boire, j’ai des amis qui m’ont dit « je vais faire un p’tit bout avec toi, ça me ferait du bien, à moi aussi ». J’ai reçu des invitations à des soirées autrement apéro, maintenant eau pétillante. J’ai croisé aussi des regards fiers, bien qu’un peu humide.
Bref, j’ai reçu un tas de « je t’aime » sous différentes formes. Des « je t’aime » qui apaisent les envies de boire, qui épongent les larmes lors des soirées difficiles.
Ces « je t’aime » que j’imagine toutefois sonner un peu faux. L’inconfort ne partira pas comme ça. Le travail ne fait que commencer. Mais arrêter de boire, c’est le plus beau des je t’aime que j’aurais pu me donner, et il faut bien commencer quelque part.
En savoir plus sur Sans lubrifiant
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.