Chapitre 4 – À la recherche d’une passion


5 janvier 2025 – 9 h 59

Une chose qu’avaient en commun la plupart des vidéos abordant une vie parfaite à l’écart de toutes tentations arrosées, c’est que sans alcool, les soirées peuvent être un peu plus longues. De mon côté, je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point mes soirées étaient modelées en fonction de ma consommation d’alcool. Je ne sais pas si vous avez déjà tenté d’écouter 4 h d’une téléréalité sexualisée sur Netflix en étant complètement à jeun, mais je vous jure que ça n’a pas le même thrill que de le faire avec une p’tite coupe de rouge à la main. Vous vous direz que pour une fille qui n’aime pas avoir l’air de perdre son temps, c’est pas très cohérent. Vous avez raison. Par contre, il faut comprendre que j’étais une buveuse de type récompense. Ma coupe de vin et ma série niaiseuse, c’était selon moi mon moment pour recharger mes batteries et pour me récompenser de ma journée de travail oh combien exigeante. Je me récitais un discours élogieux comme si j’étais un génie au cerveau surchauffé qui devait prendre une minute de silence pour retourner au combat le lendemain, et éliminer le cancer une bonne fois pour toutes. 

C’est donc devant ma série pas très reposante pour essayer de me récompenser « de m’être choisi » que j’ai réalisé que le vin rouge avait le super pouvoir de rendre des choses pas mal plates pas mal le fun. Et si ma vie était pas mal plate ? 

Plutôt que de m’apitoyer sur mon sort et de me forcer à écouter la série-récompense-plate, je me suis couché sur le dos, au sol, le cellulaire à la main. J’ai repensé aux vidéos, j’ai repensé à mon ambition de devenir inspirante, et je me suis mis au défi : me trouver une nouvelle passion. Qu’est-ce que je peux bien faire pour combler mes soirées, pour permettre au génie rouillé sa minute de silence ? Puis, un déclic m’est venu. Quand j’avais 6 ans, je jouais du piano, et il me semble que j’aimais ça. 

Pour vous mettre en contexte, ma quête de l’inspirant n’a pas commencé en 2020. Je n’en étais donc pas à ma première initiative de pianiste torturé. Cependant, le 1er janvier 2025, c’était différent, j’étais différente. J’avais arrêté de boire depuis 7 jours. Le 1er janvier 2025, je me suis donc acheté un piano à 18 h 46, les jambes en l’air vers le ciel pour reposé mon dos qui me rappelait que je l’avais engourdi pendant quelques années. 

C’est donc impatient que je voulais recommencer ma carrière symphonique. Je devais toutefois contenir mon génie créatif jusqu’au 3 janvier 2025, la date promise de la livraison de ma nouvelle passion. Le Jour J, j’ai attendu impatiemment mon piano en suivant mon colis et en actualisant la page beaucoup trop souvent. C’est donc avec une profonde déception que j’ai réalisé que je suivais le mauvais colis. J’étais en train d’attendre, contre mon gré, mon thé Earl Grey décaféiné, ma passion de la veille, pour me faire des London Fog, ma nouvelle boisson de prédilection que j’ai aimée goutée dans un café en 2016. 

Quelques heures plus tard, j’ai reçu une notification m’indiquant que mon piano était à Drummondville AKA une ville loin de chez moi, repoussant l’écriture de mon histoire inspirante et la quête de ma nouvelle personnalité. Mon piano allait donc arriver mardi prochain, le 7 janvier 2025, soit deux jours après le congé des Fêtes, deux jours après la fin de ma disponibilité créative en pyjama. Le 6 janvier, je vais recommencer à travailler. La question qui me tourmente est donc la suivante : est-ce que je me suis acheté une nouvelle passion en rabais avec accessoires, me suis-je acheté une table de chevet peu pratique et ridiculement trop cher ? La réponse sera en construction à partir du 7 janvier.


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